
François Asensi a été réélu (brillamment, 69% au premier tour) maire de Tremblay-en-France. Cette commune est remarquable à plusieurs titres: elle est la plus étendue de Seine-Saint-Denis, elle possède sur son territoire une bonne partie de CDG (dont le siège d’Air France) et de Paris Nord 2, et en plus une ZAE communale bien fournie et la nouvelle ZAE Aérolians, qui avance à grands pas (voyez aussi ici). Et, si l’on excepte la période de l’Occupation, il n’y a eu que trois maires à Tremblay : Gilbert Berger, Georges Prudhomme (les deux PCF) puis donc F. Asensi (PCF, qu’il a quitté en 2010 pour rejoindre ensuite le FG). Il est aussi député de Seine-Saint-Denis depuis 1981. Il est aussi président (il vient d’être réélu, voir l’article plus bas) président de la CA Terres de France, qu’il a créée en 2010. Tout ceci en fait un personnage incontournable dans le Grand Roissy. Communiste dans l’âme, il ne manque pas pour autant une occasion de se distinguer en ayant, depuis longtemps, un discours pro-entreprise (revoir ici) qui ferait pâlir nombre de libéraux. Tout cela nous va bien et on lui a donné la parole. EV
RoissyMail : la liste que vous avez conduite aux dernières municipales a remporté un succès net (élue au premier tour). C’est d’autant plus remarquable vue la « vague bleue ». Comment expliquez-vous cette longévité ? Les gens se posent la question…. Y’a un secret ? On dit que vous êtes « atypique », « inclassable »…
F. Asensi : Aucun secret, c’était pour moi un résultat attendu. Je suis constamment présent dans la ville, proche des habitants. Je n’ai d’ailleurs aucun mérite ; j’aime les gens ! J’ai le contact facile. Depuis que je suis tout jeune, j’aime fédérer, rassembler, unir, échanger et porter vers l’action. Je mets un point d’honneur à avoir une gestion ouverte, respectueuse de chacun.
Je n’ai jamais caché mes valeurs, mes engagements Tout le monde les connaît à Tremblay. Je milite pour construire une autre société plus juste, plus humaine, plus respectueuse des individus, de tous les individus. Une société qui prend le contre-pied de l’argent-roi qui broie les vies.
Et puis j’ai toujours eu à cœur de défendre les valeurs de la Révolution française ; la liberté, l’égalité et la fraternité. La fraternité qui est souvent la plus oubliée de notre triptyque est d’ailleurs le thème de l’année 2014 à Tremblay. Je l’ai souhaité parce que c’est pour moi une des valeurs fondamentales de la République. Elle ne se décrète pas et doit imprégner toutes les actions publiques. Elle fait reculer l’intolérance, le racisme, les incivilités, l’irrespect. Elle est la garantie du vivre-ensemble.
J’ai bien conscience que ceux qui ont soutenu et voté pour la liste que je conduisais ne partagent pas tous mes convictions politiques. Ce serait une erreur de le penser. Cela dit, il faut savoir lire un résultat. Près de 69 % des Tremblaysiens ont voté pour moi, dès le premier tour, en connaissant parfaitement mes engagements. Je crois qu’ils savent que je ne fonctionne pas en mode partisan et que je combats toute forme de sectarisme. Et bien sûr, ça me fait plaisir. Preuve, s’il en était besoin, qu’assumer pleinement ses convictions n’empêche pas de partager avec d’autres des valeurs humanistes.
Tremblay avance dans le respect de son identité, de son histoire singulière ; une ville où chacun a sa place, avec une croissance maîtrisée, dans un cadre environnemental préservé. Ces aspects prennent une importance particulière face au projet de métropole du Grand Paris qui entend ôter aux maires une part essentielle de leurs compétences, notamment en matière d’urbanisme et de construction de logements. Un projet qui dénie toute intervention des citoyens dans la gestion locale.
Ses explications sur Villepinte
RM: autre chose qu’on a du mal à comprendre : en 2008 à Villepinte, (et je ne parle pas de Sevran…), vous aviez grandement soutenu Nelly Roland, que vous connaissiez, j’en témoigne, depuis longtemps et qui avait été élue maire. Puis les choses se sont mal passées, s’agissant des rapports entre elle et une partie de sa liste, vos amis pour être clair. Vous avez donc soutenu, au premier tour, une liste de gauche contre celle de Nelly Roland, avec les résultats qu’on connaît. On peut dire que c’est un échec pour vous… Peut-on savoir ce qui s’est passé pour en arriver là ?
Je vous répondrai bien comme Simone de Beauvoir « sans échec, pas de morale ». Dans la vie, on ne peut pas tout accepter, même si on sait qu’on ne gagnera pas tout de suite. Pour ma part, je crois beaucoup en la loyauté, la fidélité dans ses convictions.
Je n’ai pas choisi de retirer mon soutien à Nelly Roland. C’est elle qui a décidé de rejeter le mien en refusant d’être soutenue par le Front de Gauche, le Parti communiste et Europe Ecologie-Les Verts. En bref, les forces de gauche sans qui elle n’aurait jamais été élue maire en 2008. Totalement incompréhensible et incohérent ! En tournant délibérément le dos à ces forces, elle savait qu’elle ne pouvait avoir mon soutien.
Avec les élus de sa majorité, j’ai tout fait pour favoriser la cohésion de son équipe et développer une politique de solidarité et de dialogue entre nos deux villes, notamment au sein de Terres de France. Malheureusement son manque d’ouverture et de confiance dans son équipe a fait éclater sa majorité municipale. Neuf de ses adjoints ont été contraints de démissionner quelques mois avant l’élection.
Elle a même été mise en minorité par son propre Conseil municipal. Son refus, par exemple, d’aménager le parc naturel du Sausset est incompréhensible. Son Conseil municipal ne l’a d’ailleurs pas suivi.
Elle a aussi fait preuve d’hostilité à l’égard de la ville dont je suis le maire. Sans même me consulter, elle a favorisé l’installation, en face de Tremblay, d’un magasin Lidl, puis d’une station de lavage qui perturbent la tranquillité du secteur. Elle a provoqué la colère des riverains tremblaysiens. De la même façon, elle a mis unilatéralement en place le stationnement payant à la gare du Vert-Galant, alors que de nombreux Tremblaysiens s’y garent chaque jour pour prendre le RER.
Entre communes voisines, la règle et la courtoisie sont de travailler ensemble sur des projets de cette nature. Pour les projets limitrophes de Tremblay, je travaille en bonne intelligence avec les maires de Roissy, de Vaujours ou de Mitry-Mory par exemple. C’est bien normal. En région parisienne, les limites des villes ne sont pas des frontières impénétrables. Bien au contraire, on passe d’une ville à l’autre sans parfois s’en rendre compte et les installations sur l’une ou l’autre ville ont des impacts sur la ville d’à-côté.
Enfin, elle s’est auto-proclamée candidate sous l’étiquette d’apolitique ce qui, compte tenu des difficultés rencontrées dans sa gouvernance de maire, a heurté les militants et les sympathisants. Apolitique, une notion bien vague, sans vision d’avenir pour Villepinte. Dans la situation de crise que l’on connaît, cette position n’était pas de mise. Pour moi, comme pour beaucoup de Villepintois, la meilleure façon de s’opposer à la financiarisation économique, aux inégalités et aux injustices passait, et passe toujours, par l’affirmation d’un véritable ancrage à gauche.
Il fallait à Villepinte une liste de rassemblement, porteuse d’un projet d’avenir lisible. Il était tout simplement impensable que le Front de Gauche ne soit pas présent à ce scrutin et qu’il ne puisse pas défendre sa démarche.
C’est pourquoi, m’appuyant sur le vote des militants, j’ai soutenu la liste conduite par Arnaud Keraudren en espérant que Nelly Roland choisirait d’éviter la division. Le score d’Arnaud Keraudren est prometteur. Et je suis convaincu que la gauche, avec lui, a un avenir dans cette ville. Et puis, comme le faisait remarquer Max-Pol Fouchet : « Les défaites de la vie conduisent aux grandes victoires ».
J’ai constaté un vrai désamour entre le peuple de gauche et le gouvernement Hollande.
RM: Vous n’avez pas voté (on s’en serait douté…) , à l’Assemblée nationale, la confiance au nouveau gouvernement. Pouvez-vous développer votre position ?
FA : changer les personnes sans changer de politique,
Read moreMunicipales, gouvernement, oui à l’option Grand Roissy, Métropole… Asensi s’explique