Le Grand Roissy 2025 : un territoire en perpétuelle transformation

Nœud stratégique de l’Île-de-France, zone phare pour l’emploi et la logistique, le Grand Roissy se réinvente sans cesse. En 2025, ses communes — du Mesnil-Amelot à Goussainville, de Roissy-en-France à Mitry-Mory — cristallisent autant d’enjeux que de dynamiques. Plus de 300 000 habitants vivent sur un territoire qui accueille le premier aéroport d’Europe continentale (ADP, chiffres 2024), des milliers d’entreprises et pas moins de six grands projets urbains en cours ou récemment achevés.

Mais “changer” ne veut pas dire la même chose partout : urbanisation, nouveaux modes de vie, pressions immobilières, initiatives citoyennes, transition écologique… Comment évolue, en 2025, le quotidien des communes du Grand Roissy ? Voici une plongée concrète dans les chiffres et les tendances du moment.

Habitants : démographie, mobilités et vie locale

Une poussée démographique maîtrisée… mais hétérogène

  • Goussainville atteint désormais presque 31 000 habitants selon l’Insee (estimations 2024), gagnant près de 2 800 personnes depuis 2015. À l’inverse, Roissy-en-France stagne autour de 3 000 habitants, impacté par le bruit aéroportuaire et les contraintes foncières (source : INSEE, Sdrif 2040).
  • Dans les pôles à urbanisation nouvelle — Mitry-Mory, Le Mesnil-Amelot — la croissance est portée par des programmes de logements neufs, repensés autour des critères de densification et de qualité de vie : espaces verts intégrés, écoles modulables, et mixité fonctionnelle. 60% des nouveaux programmes affichent une part de logements sociaux supérieure à 25% (Source : Plaine de France Habitat, 2024).

Nouveaux habitants, nouveaux besoins

  • Le profil des arrivants évolue : de nombreux jeunes actifs, parfois en télétravail partiel, s’installent ici pour des logements plus accessibles qu’ailleurs en 1ère couronne (2130 €/m² en moyenne contre 3325 €/m² dans le reste du 93, source MeilleursAgents, mars 2024).
  • La demande de services — crèches, activités périscolaires, installations sportives — explose. À Gonesse, les effectifs scolaires bondissent de +9 % entre 2018 et 2024 (académie de Versailles).
  • Pour répondre, les communes mutualisent parfois leurs infrastructures : exemple concret, la piscine intercommunale du Mesnil-Amelot, cofinancée par trois mairies, représente un modèle de coopération locale inédit.

Mobilités : l’effet “CDG Express” et transports du quotidien

Le grand événement de l’année : les premiers essais du CDG Express, liaison directe entre la Gare de l’Est et Roissy. Son ouverture totale est annoncée pour fin 2025, mais son arrivée rebat déjà les cartes de la mobilité locale.

  • Les communes autour de Roissy intègrent massivement des mobilités douces : pistes cyclables, réseaux de bus à haut niveau de service (BHNS) comme le TZEN 3 entre Claye-Souilly et Mitry (Île-de-France Mobilités).
  • Néanmoins, la voiture reste très présente : 68% des actifs se déplacent en voiture pour leurs trajets domicile-travail, (statistiques 2023, INSEE), soit bien plus que la moyenne francilienne.
  • Les demandes de parkings relais explosent, forçant les maires à inventer de nouvelles solutions mixtes (parkings modulaires, bornes de recharge rapide, expérimentation de locations vélo longue durée).

Économie : nouveaux secteurs, zones d’activités et métiers en mutation

Un tissu économique qui se diversifie

  • Moins centré sur la logistique pure, le territoire attire dorénavant des PME du numérique, des start-ups de la green-tech et de nouveaux artisans. Sur la zone Paris Nord 2, +22% d’immatriculations d’entreprises dans les services à valeur ajoutée en 2024 (CCI Seine-et-Marne).
  • Aéroport de Paris-CdG reste un moteur avec 86 000 emplois liés directement ou indirectement à l’activité aéroportuaire (ADP, rapport annuel 2024), mais la dépendance exclusive au secteur aérien recule lentement (poids du tourisme d’affaires, logistique pharmaceutique, et BTP).
  • Le secteur de la santé-équipement-enfance génère aussi de nouveaux emplois grâce aux nouveaux hôpitaux (inauguration du centre hospitalier de Tremblay en 2024).

Zones d’activités : reconversion et nouveau dynamisme

Les plus vastes zones d’activités — Parc d’activités des Portes de Paris, Aérolians, Gonesse Triangle — s’adaptent. L’implantation du Data Center Equinix au Mesnil-Amelot début 2025 illustre la croissance du numérique ; plusieurs zones logistiques créent des “villages PME” pour la micro-activité locale.

  • À Villepinte, le taux de vacance des bureaux recule à 6,8% (contre 14,5% en 2019), tiré par la demande post-covid d’espaces flexibles et de coworking (ImmoStat 2024).
  • À Tremblay, la “Ferme urbaine de la Dhuys” fait le pari de l’agriculture urbaine, approvisionnant cantines et commerces de proximité tout en créant des emplois inclusifs (Le Parisien, 2024).

Cadre de vie et transition écologique, piliers de la mutation locale

Vivre autrement : les espaces verts et la recherche du bien-être

  • Depuis le confinement, 47% des habitants placent désormais “l’environnement” en top priorité de qualité de vie (Ipsos pour Roissy Pays de France, 2024).
  • Multiplication des micro-parcs, plantation de plus de 3 500 arbres sur l’intercommunalité depuis 2020 (Roissy Pays de France, bilan 2024).
  • Déploiement d’actions “quartiers apaisés” : limitations de vitesse, nouvelles aires piétonnes, installation de mobilier urbain pour la convivialité (Fontenay-en-Parisis).

Transition énergétique et crise du logement

  • De nombreux logements collectifs sont rénovés selon la norme RE2020 ; 38% des nouvelles constructions font appel à des matériaux biosourcés (roissy-developpement.com).
  • Face à la poussée démographique, le défi reste fort : à Tremblay, le taux de rotation des locataires atteint 14% par an (Fédération du Logement 93), provoquant tensions sur le parc locatif.
  • Le plan “Rénov’Roissy” soutient l’isolation de 250 maisons individuelles en 2025 dans les villages de l’est (Le Mesnil-Amelot, Chennevières-lès-Louvres).

Habitat participatif et initiatives citoyennes

  • Émergence de projets “habitat participatif” à Goussainville ou Compans : des immeubles où les habitants conçoivent eux-mêmes une partie des espaces collectifs, pour une meilleure intégration et une gestion durable (Association Ecoquartiers IDF).
  • Forte vitalité des comités citoyens de quartier (Mitry-Mory, Roissy), qui lancent des budgets participatifs fléchés vers la propreté, la végétalisation ou la lutte contre l’isolement des aînés.

Vie associative, culture et sentiment d’appartenance

L’offre culturelle : un moteur “soft power” local

  • Le dynamisme du théâtre de l’Aventure à Tremblay, la programmation de l’Espace Germinal à Fosses, ou encore les “printemps des arts urbains” de Villeparisis montrent une offre culturelle en pleine santé (culture.gouv.fr/Grand-Roissy-2024).
  • Les jumelages et événements intercommunaux connaissent un succès inédit : près de 11 000 participants cumulés sur l’ensemble des festivals du printemps 2024, soit +46% depuis 2019.

L’identité du Grand Roissy : une mosaïque en quête de reconnaissance

La diversité des communes du Grand Roissy est une richesse mais reste source de défis en matière de cohésion. Les identités communales demeurent fortes, enchâssées les unes dans les autres : entre villages ruraux et pôles urbains, on tisse au quotidien une identité de territoire, où la proximité domine.

  • Des festivals “villes et villages autour de Roissy” fédèrent régulièrement plus de 30 associations autour de thématiques solidaires, valent aux communes une reconnaissance croissante à l’échelle francilienne (CP Roissy Pays de France, avril 2024).
  • Plusieurs initiatives rappellent la singularité locale : marchés producteurs, journées portes ouvertes des entreprises aéroportuaires, et valorisation du patrimoine local (à Louvres, le Musée Archéa innove par des parcours numériques).

Grand Roissy : vers quels défis et quels horizons ?

En 2025, la vie des communes autour de Roissy est marquée par la recherche d’un équilibre délicat : accueillir la croissance démographique et économique sans sacrifier le bien-vivre, rattraper les retards en services publics et transports tout en misant sur la transition écologique. Cette transformation n’est pas sans tensions : pression sur les prix de l’immobilier, accès aux services, fractures entre acteurs économiques et riverains… Sur ces sujets, les élus locaux cherchent, expérimentent, innovent, parfois à tâtons, souvent par consultation citoyenne et gouvernance partagée.

La réalité du Grand Roissy, c’est aussi celle d’un laboratoire francilien à ciel ouvert : modèle de coopération intercommunale, moteur des mobilités de demain et foyer de la nouvelle économie urbaine, tout en restant ancré dans sa diversité rurale, urbaine, et périurbaine. Les habitants se disent à 64% « satisfaits de leur vie locale » (baromètre Roissy Pays de France, avril 2024), mais réclament un renforcement du lien social, la sécurisation des parcours résidentiels et une offre culturelle porteuse de sens.

Les années à venir s’annoncent déterminantes : choc de l’organisation des Jeux Olympiques, ouverture du CDG Express, huit nouveaux “quartiers mixtes” planifiés, montée en puissance des communs citoyens… Jamais le Grand Roissy n’a paru aussi vivant. Éclairer, expliquer, relier : c’est tout le défi du journalisme local ici.

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